Énergie solaire et olympisme dans la Grèce antique
Déjà dans l’Antiquité, les hommes concentraient les rayons du soleil pour produire de l’énergie. En effet, les Grecs allumaient la flamme olympique grâce à un miroir parabolique appelé le skaphia. À cette époque, l’énergie solaire était perçue comme une manifestation divine et personne n’aurait eu l’idée de cuisiner avec le soleil. Par conséquent, les champions olympiques, qui étaient nourris au Prytanée (1), ne profitaient pas d’un repas préparé au barbecue solaire !
Par contre, la puissance du soleil enflammait aussi l’imagination des poètes hellènes. Une légende rapporte que le mathématicien Archimède mit le feu aux voiles des bateaux romains grâce à une rangée de boucliers polis lors du siège de Syracuse en 215 av. J.-C. Même si cela semble peu vraisemblable, cette péripétie montre bien que le rayonnement solaire a toujours fasciné les humains, notamment les scientifiques.
L’hélio-thermomètre, l’ancêtre du four solaire domestique
Le premier à avoir songé à utiliser l’énergie solaire pour un usage domestique est Horace-Bénédict de Saussure (1740-1799), un physicien genevois. Au XVIIIe siècle, ce passionné d’alpinisme mit au point un appareil pour mesurer le pouvoir calorifique du soleil. Il le baptisa hélio-thermomètre. Ce capteur solaire, dont il ne reste aucune image aujourd’hui, était unique en son genre. D’après les descriptions qui nous sont parvenues, il avait la forme d’une boîte vitrée noire tapissée de liège.
L’originalité de ce prototype étaient de concentrer les rayons du soleil dans un milieu clos. En effet, le centre de l’appareil était isolé de l’extérieur par une paroi en verre. Horace-Bénédict de Saussure testa à plusieurs reprise son système dans le massif du Mont-Blanc. Dès la première tentative, il atteignit 88°C. L’ancêtre du four solaire de type boîte venait de voir le jour. L’inventeur perfectionna sa découverte jusqu’à produire des températures dépassant 100°C. De quoi faire chauffer de l’eau ou cuisiner, selon ce pionnier de la cuisine solaire.
Le cuiseur Mouchot, un four solaire encore utilisé aujourd’hui
Le travail d’Horace-Bénédict de Saussure fit des émules. Un siècle après ses expérimentations, le français Augustin Mouchot (1825-1912) prouva que l’énergie solaire pouvait avoir de nombreuses applications. La France manquait alors de charbon. Donc, le gouvernement finança les recherches de ce physicien visionnaire. Il remporta la médaille d’or de l’exposition universelle de 1878 grâce au plus grand concentrateur solaire jamais réalisé. L’installation produisait une force motrice suffisante pour actionner une rotative.
Avant d’en arriver là, Augustin Mouchot mit au point un cuiseur solaire composé d’un réflecteur en argent et d’une marmite enfermée sous une cloche en verre. Il permettait de faire bouillir trois litres d’eau en trente minutes, mais également de cuisiner « un excellent pot-au-feu formé d’un kilogramme de bœuf et d’un assortiment de légumes. »
Le scientifique obtint une bourse pour tester ses appareils en Algérie, où l’ensoleillement était beaucoup plus important qu’en France. Là-bas, il perfectionna son cuiseur solaire pour l’armée coloniale. Malheureusement, à son retour, les autorités de l’époque cessèrent de financer ses recherches. La découverte du moteur à explosion et l’exploitation du pétrole eurent définitivement raison de ses espérances. Ses travaux tombèrent dans l’oubli.
État des lieux de la cuisine solaire dans le monde
Dans les années 50, la cuisine solaire revint au goût du jour, après s’être développée de façon sporadique dans les pays en développement. En 1955, la Société internationale de l’énergie solaire (International Solar Energy Society, en anglais) mit les fours solaires à l’ordre du jour de sa conférence annuelle sur les énergies renouvelables. Dès lors, ce mode de cuisson commença à se démocratiser, notamment par le biais de la FAO (2). L’organisation vit dans cette technologie un moyen de lutter contre la déforestation en Afrique et Amérique du Sud.
Si de nos jours, de nombreuses ONG utilisent encore la cuisine solaire dans leurs programmes d’aide au développement, elle ne se limite plus à l’humanitaire. Elle est particulièrement populaire aux États-Unis et en Chine, qui est véritablement en pointe à ce sujet. Là-bas, près de 140 000 fours solaires sont écoulés par an.