Tous les boulangers ne travaillent pas la nuit. Certains travaillent même uniquement le jour, grâce à l’énergie du soleil. Découvrez NeoLoco, la première boulangerie solaire d’Europe. Une initiative qui génère déjà de nouvelles vocations.
« C’est intéressant ce qu’il se passe en ce moment, car il y a un petit réseau d’artisans qui est en train de se créer en France », explique Arnaud Crétot. Boulanger et torréfacteur à Montville, en Normandie, il a misé sur l’énergie solaire pour pérenniser son activité artisanale. Depuis deux ans, il réalise ses fournées dans un grand concentrateur solaire qu’il a contribué à concevoir. Un pari osé, mais prometteur, puisque deux autres artisans de l’Hexagone ont très récemment décidé de lui emboîter le pas en commandant le même type d’appareil.
Démocratiser l’énergie solaire
La boulangerie solaire NeoLoco est le résultat d’un long cheminement. En effet, ingénieur de formation, Arnaud Crétot s’intéresse de longue date à la question de l’énergie. Il a sillonné la planète pour étudier les différentes solutions énergétiques existantes, d’abord avec l’association Les vagabonds de l’énergie, qu’il a cofondé en 2009, puis avec Solar Fire Concentration, une entreprise sociale finlandaise. En 2014, il devient directeur technique de cette structure et participe au développement de concentrateurs solaires, afin de soutenir l’activité artisanale dans les pays du Sud, comme au Kenya et en Tanzanie.
« Il y a de quoi faire une activité économique viable 100% solaire, même ici en Normandie »
Ayant lui-même un pied dans l’artisanat, il décide en 2018 d’installer un concentrateur solaire en Normandie pour torréfier des graines locales, cuire du pain, mais aussi perfectionner ce type d’appareils low-tech. « Vu les résultats qu’on a au Kenya, il y a de quoi faire une activité économique viable 100% solaire, même ici en Normandie, » assure Arnaud Crétot en parlant de la torréfaction.
Aujourd’hui, il travaille avec un prototype équipé de 11 m2 de miroirs, la Lytefire. Un réflecteur de cette taille permet de concentrer une grande quantité de radiations et de générer des températures élevées, même si l’énergie solaire est par nature inconstante. « Si vous avez 1 kW d’irradiation en soleil direct, l’appareil produit potentiellement 11 kW », explique l’artisan. « Maintenant, vous avez des pertes optiques liés au fait que les miroirs ne sont pas parfaits. Quand vous n’avez pas de voiles nuageux, vous aurez entre 7 et 8 kW dans le four. » Le gabarit de l’appareil lui permet de cuire 38 kg de pain par fournée, un dimensionnement suffisant pour produire jusqu’à 100-110 kg de pain par jour de boulange en décembre et 220-250 kg en juin.
Boulangerie solaire : une organisation particulière
Bien évidemment, une boulangerie solaire est tributaire des conditions météorologiques, particulièrement dans une région aussi septentrionale que la Normandie, où le soleil joue souvent à cache-cache avec les nuages. Mais « il y a des manières de s’adapter à la météo du jour », confie Arnaud Crétot. « Si le soleil est là à 10 h 30, je fais chauffer mon four et j’enfourne mes pâtes à 11 h ou 12 h. Mais s’il est là 8 h ou 9 h du matin, je vais rajouter de la masse dans le four sous forme de tomettes de 1 kg pour stocker les trois heures de soleil utiles du matin, ce qui m’offre une grande flexibilité pour le reste de la journée. Ensuite, je peux enchaîner les fournées toutes les heures quasiment. »
De plus, pour rationaliser sa production, l’artisan ne réalise qu’une fournée par semaine. Cela peut paraître peu, mais beaucoup de paysans boulangers travaillent à ce rythme. L’approche de ces producteurs inspire Arnaud Crétot, lui-même petit-fils d’agriculteur, car ils maîtrisent l’ensemble de la chaîne de fabrication du pain. En effet, ils utilisent leur propre blé, ce qui permet de produire intégralement en circuit-court. Avec des ingrédients locaux, le premier boulanger solaire de France confectionne donc une fois par semaine du pain au levain, un pain de conservation, qu’il livre sur commande dans les magasins de producteurs de la région.
Ce jour de boulange hebdomadaire lui permet de travailler très souvent à l’énergie solaire, même s’il est également équipé d’un four à bois, en cas de mauvais temps. « Les semaines où il n’y a pas au moins un jour de soleil sont hyper rares », assure-t-il. « Vous en avez maximum 4 ou 5 par an. Nous, on a besoin que d’une journée de soleil et après, on a du pain toute la semaine. » De la même façon, les graines locales torréfiées sont un produit de conservation. Il est donc possible de rationaliser également cette production en la regroupant les jours où il fait beau. « On peut torréfier pendant les trois mois les plus ensoleillés de l’année pour toute l’année, » précise l’artisan. Pour lui, le gisement solaire normand n’est pas problème. « Est-ce qu’il y a plus de soleil ailleurs ? Oui, il y a plus de soleil ailleurs », ironise-t-il. « Ce n’est pas tant le maximum qui nous intéresse, mais plutôt est-ce qu’on peut organiser l’activité pour que ça fonctionne. »
2 réponses sur « Avec NeoLoco, l’artisanat solaire germe dans l’Hexagone »
Bonjour,
Nous sommes situés en Languedoc Roussillon et souhaitons savoir le montant et conditions
de l’investissement pour votre boulangerie solaire
Merci
Bonjour,
Nous sommes basés en Afrique de l’ouest plus précisément au Niger ou le soleil est toujours au rendez vous. Malheureusement, le Niger est l’un des pays le plus pauvre au monde sinon le dernier selon l’IDH de l’ONU. Le pain demeure toujours un luxe dans les zones rurales grâce a la cherté du blé et de l’énergie. Aidez nous a installer une boulangerie solaire